CES à l’Envoi – Témoignage de Virginie, volontaire européenne à Genova, en Italie
Dans le cadre du programme « Corps Européen de Solidarité », Gwennili est association d’envoi pour tout jeune de 18 à 30 ans résidant dans le Finistère Sud. Et ce mois-ci, nous vous proposons de vous immerger dans le récit de Virginie, une jeune de 28 ans partie réaliser un volontariat européen depuis la mi-janvier 2023. Découvrez-là au travers de ses missions de volontariat, de son regard et de ses anecdotes 🙂
” Ciao a tutti ! Je m’appelle Virginie et vous salue depuis l’Italie !
J’ai émigré à Genova en janvier 2023 pour un an de volontariat auprès du public migrant. Ayant déjà eu l’occasion de travailler dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en France, le CES (Corps Européen de Solidarité) est pour moi, l’occasion de découvrir comment l’accueil d’un même public se passe dans nos pays voisins, qui peuvent également être les premiers pas d’entrée en Europe.
Que dire de Genova ? Située dans la région de la Ligurie, les Italiens disent de ses habitants qu’ils sont fermés, froids et radins… Autant dire que sur le papier ça ne fait pas rêver ! Hahaha. Mais comme tout bon préjugé, il suffit de s’y confronter pour se rendre compte que la réalité est bien plus nuancée. Pour ma part, j’y ai reçu un merveilleux accueil et m’y sens vraiment bien !
Genova, aussi appelée « Zena » en Genovese, est une ville portuaire qui a pour symbole son phare (La Lanterna). Symbole qui a donné son nom à l’un des plus beaux derbys d’Italie, celui opposant Genoa à la Sampdoria, les deux équipes de la ville.
Mais Genova c’est aussi et surtout la ville de Fabrizio De André (le « Brassens » italien comme certains disent) ou encore Luigi Tenco. Pour les plus gourmands d’entre nous, c’est la ville du Pesto et de la Focaccia, que vous pourrez déguster à chaque coin de vicoli (ruelles). Et pour les passionnés d’Histoire, voici quelques petites anecdotes :
– Le club de Genoa est la toute première équipe de foot créée en Italie, il a fêté ses 130 ans cette année.
– Le tissu appelé Jean est originaire de la ville, d’abord utilisé par la marine pour équiper ses navires et vêtir ses marins.
– Le drapeau de Genova est celui de Saint-Georges, patron de la ville. En 1190, le roi Richard d’Angleterre demanda à utiliser ce drapeau en échange d’un tribut annuel. Tribut qui n’est plus versé depuis plus de 250 ans, pourtant le drapeau continue d’être utilisé.
Que dire de cette expérience en tant que volontaire ?
Nous sommes un peu moins d’une vingtaine de volontaires accueillis à Genova, dispatchés dans 3 appartements, alors c’est un joli melting-pot ! Nous venons de tous les horizons : Allemagne, Turquie, Pologne, Roumanie, Suisse, Espagne, Ukraine et France. Pour communiquer, nous mélangeons les langues, inventons des expressions et quand le vocabulaire nous manque, nous montrons nos plus beaux talents de mimes et bruitages.
Mais nous ne travaillons pas tous au sein des mêmes structures. Me concernant j’ai commencé dans un service d’accueil pour mineurs non-accompagnés et maintenant je suis dans un service d’accueil pour demandeurs d’asile et bénéficiaires de la protection internationale.
En tant que volontaire, je suis plutôt là en soutien pour l’équipe du service. Nous accompagnons principalement des familles mais aussi quelques personnes isolées, sur l’aspect administratif comme médico-social. Le but est de permettre progressivement l’insertion des personnes et leur autonomie en Italie.
J’ai la chance d’être au sein d’une équipe absolument superbe, où l’ambiance est très solidaire et bienveillante. J’ai très vite trouvé ma place et me suis sentie à la fois reconnue dans mes compétences, mais aussi soutenue face aux difficultés rencontrées.
Le fait d’être francophone me permet également de jouer un rôle de médiatrice et interprète entre les travailleurs sociaux et certaines des personnes accueillies, surtout les primo-arrivants qui n’ont pas encore eu l’occasion d’apprendre la langue italienne. C’est une place que j’aime beaucoup tenir car elle permet de faciliter l’accès aux droits pour les personnes. Ça les rassure, ils peuvent s’exprimer dans une langue qu’ils maîtrisent davantage (bien que ce soit rarement leur langue maternelle) et poser leurs questions tranquillement. Petit à petit, nous initions également un travail avec les femmes victimes de traite. La compréhension de leur droit pour ces femmes est fondamentale alors, dès que je peux, j’aide à traduire en français ou en anglais.
De plus, j’ai commencé à donner quelques cours de français auprès des travailleurs sociaux de différents services, afin de leur permettre d’améliorer leur communication et leur accompagnement auprès du public. Ce sont des moments toujours super beaux et drôles, les collègues s’impliquent vraiment, se trompent parfois, moi aussi un peu quand je donne des explications en italien, mais on apprend en rigolant. Et maintenant pour me saluer, ils s’amusent parfois à me lancer un « Ciao Maestra ! »